Tomi Ungerer : Focus sur son exposition « Les Métamorphoses » au Musée National de L’Illustration

Jusqu’au 6 novembre prochain, le Musée Tomi Ungerer (musée National de L’illustration), accueille une exposition inédite de cet artiste Alsacien aux multiples visages. Un personnage haut en couleur à l’univers aussi poétique que subversif, un homme aux mille facettes que l’on ne présente plus. Intitulée Métamorphoses, l’exposition présente un aspect de l’œuvre de Tomi Ungerer qui n’a jamais été présentée comme telle : les métamorphoses. On retrouvera plus de 120 œuvres, sculptures, dessins croquis et vidéos réalisées entre 1950 et le début des années 2000. On est allés y faire un tour et on vous en parle un peu plus en détails.

Les Métamorphoses de Tomi Ungerer


 

Artiste prolifique, dessinateur, illustrateur et auteur de génie, Tomi Ungerer est et restera la figure de proue de l’illustration alsacienne et française de son époque. Né à Strasbourg en 1931, il est considéré comme l’un des plus brillants dessinateurs de sa génération. Reconnu en France, il a également joui d’une reconnaissance internationale dans de nombreux domaines des arts graphiques, en France et ailleurs dans le monde. D’ailleurs, le peuple allemand, comme les États-Unis par exemple, lui ont voué un attachement sans limite, peut-être même davantage que chez nous en France. Les Trois Brigands, Jean de la Lune, ses affiches publicitaires cultes, ses dessins subversifs et ses caricatures dénonciatrices sont autant d’œuvres très différentes et très personnelles qui constituent sa palette de créations à la signature si reconnaissable. L’exposition Les Métamorphoses, qui se tiendra jusqu’au 6 novembre, est encore une occasion de plus de tenter de déchiffrer les mystères encore entiers de Tomi Ungerer. 

 

Les Métamorphoses, entre onirisme et anthropomorphisme dénonciateurs 

Que ce soit dans ses livres pour enfants ou ses dessins publicitaires, mais également dans ses créations satiriques, érotiques ou même ses sculptures, les métamorphoses sont omniprésentes dans l’œuvre de Tomi Ungerer. Les corps humains prennent des formes animales ou végétales, l’objet est déstructuré, déformé, les formes et les tailles sont exagérées voire caricaturées, les transformations s’opèrent et se couchent sur n’importe quel support. Cette exposition met en lumière cet aspect multi-formes de sa création, elle propose un catalogue fourni de créatures ou de machines surréalistes, hybrides, absurdes, sombres ou tout en même temps. Elle brouille nos esprits et elle bouscule souvent nos âmes d’enfants. Parfois grotesques, plus subtiles ou parfois même carrément érotiques, certaines créations à première vue innocentes bousculent et nos représentations des figures aux allures candides que l’on retrouvait dans les dessins animés, les publicités, les comptes, les bandes dessinées mais aussi la nature qui nous entoure. On le sait, à travers ses œuvres, Tomi Ungerer aime taquiner, interpeller et aux détours de quelques coups de crayon, il a su choquer aussi. 

Prendre le temps d’observer pour mieux comprendre l’homme, l’œuvre et son message


Si l’on passe trop vite ses yeux sur ses œuvres, on en oubliera la vraie substance, les créations de Tomi Ungerer, et en particulier celles que l’on retrouve dans cette exposition Les Métamorphoses, méritent qu’on prenne le temps de les déchiffrer, elles sont souvent plus subtiles qu’elles n’y paraissent. Si l’on prend le temps, on se rendra compte qu’à coup de collages, de détournements et de superpositions, et en empruntant quasiment toujours les codes de l’univers des comptes et du fantastique, Tomi Ungerer s’amuse, ironise et taquine en se jouant des codes politiques et graphiques de son époque. 

À travers cette exposition, assez courte d’ailleurs, on oscille entre rêves, érotisme, balade pour grands enfants, art plastique et secrets pour adultes. Que l’on connaisse Tomi Ungerer ou non, on ne peut qu’être surpris par la diversité des techniques utilisées, par le nombre d’univers dans lequel il s’engouffre et par la multitude de références que chaque personne pourra piocher ici et là, dans l’une ou l’autres de ses œuvres. On notera cependant que la lumière est très faible tout au long de l’exposition (on a augmenté la luminosité sur les photos). C’est très dommage, car les œuvres, souvent présentées en petits formats, méritent que l’on puisse avoir l’œil plus aiguisé. 

 

Auteur et photos : Bastien Pietronave

En savoir plus : https://www.musees.strasbourg.eu/les-metamorphoses-de-tomi-ungerer