Atelier Meyer : de l’or dans les mains 

Maison de référence dans la dorure et la conservation-restauration de tableaux en France, l’Atelier Meyer, situé à Schiltigheim, cultive une tradition d’artisanat d’excellence. Rencontre avec Pascal Meyer, doreur à la feuille. 

Unique entreprise en France à détenir trois générations de MOF (Meilleur Ouvrier de France), on ne présente plus les Meyer. Ainsi troisième de la dynastie, Pascal a d’abord appris le métier de doreur à la feuille au côté de son père, avant de partir se perfectionner dans les plus grands centres de restauration. « Au collège, je voulais tout faire, sauf ce métier-là, confie Pascal en préambule. Après la 3e, je souhaitais partir en apprentissage pour faire quelque chose de mes mains. C’est là que je me suis tourné peu à peu vers le métier de mon père. » 

Après trois années d’apprentissage et une année de service militaire, Pascal poursuit les expériences à la recherche d’inspiration et de techniques. Après une formation au célèbre institut d’art du Palazzo Spinelli à Florence, il réalise un stage de fin d’études à l'Institut royal du Patrimoine artistique de Bruxelles, avant une ultime étape au sein du Centre Régional de Restauration de Kerguehennec en Bretagne. 

Pascal et Eladia
Pascal et Eladia© Dorothée Parent
 

« Je marche beaucoup au défi »

C’est d’ailleurs à Florence qu’il fait la rencontre de sa future épouse Eladia avec qui il ouvre l’Atelier Meyer en 2004 à Schiltigheim. Formée en restauration de tableaux sur toile et sur bois, elle partage depuis son savoir-faire avec une équipe hautement qualifiée qui vaut à l’entreprise d’être doublement labelisée Entreprise du Patrimoine Vivant et Musées de France. Ensemble, ils assurent la conservation et la restauration de tableaux et dorures dans le plus strict respect de l'œuvre d'art confiée.

« Mon grand-père Michel a commencé en 1928 chez le doreur Gerner à Strasbourg, raconte Pascal. Il a principalement travaillé pour les monuments historiques, tout comme mon père. Depuis 2004, nous avons débuté par cela mais nous avons très vite commencé à nous ouvrir vers d’autres mondes. Je marche beaucoup au défi. Sortir de ma zone de confort, c’est cela qui m’anime. » Avant de préciser : « Quand il y a 80% de recherches sur une restauration, c’est là que je m’amuse. Quand vous avez un architecte qui n’arrive pas à trouver la bonne couleur pour le cadre en métal d’un miroir, il faut arriver à lui faire une dorure de la même couleur qu’il souhaite et du même brillant que pour un métal poli. Dorer sur du métal, tout le monde sait le faire. Dorer sur du métal à la feuille d’or, pas beaucoup. C’est en cela que nous nous démarquons. » 

Parmi leurs réalisations majeures, citons en premier lieu la restauration en 2015 du troisième plus vieux buffet d’orgue en nid d’hirondelle au monde, celui de la cathédrale de Strasbourg… Mais aussi les autels de l’église abbatiale baroque d’Ebersmunster (2010-2015), le buffet d’orgue de Sainte-Claire à Vevey en Suisse (2017), ou encore le bas-relief de Saint-Guillaume à Strasbourg mis en avant en 2019 dans le cadre de l’exposition "Les Trésors restaurés du Moyen-Age".

Orgue Cathédrale de Strasbourg

«Garantir le respect total de l’œuvre est primordial »

Ainsi maison de référence de la dorure en France, l’Atelier Meyer fabrique des cadres exceptionnels, des plus modestes aux plus coûteux, que ce soit pour des chineurs locaux, des musées ou des collectionneurs d’art. Les maîtres mots de l’équipe chapeautée par Pascal ? Minimalisme de l’intervention, réversibilité et compatibilité des traitements avec les matériaux. Un travail d’excellence fait sur mesure dans tous types de techniques et supports. « Du support à la couche picturale, tout doit pouvoir être enlevé sans abîmer l'original, précise encore Pascal. Garantir le respect total de l’œuvre est primordial. C’est pourquoi les matériaux utilisés ne doivent produire aucune modification, ni physique, ni esthétique. La nouveauté, c’est que l’on travaille de plus en plus pour des personnes qui font des carcasses de siège, de canapé, de fauteuil. Soit on rechampit la carcasse, soit on la dore. » 

Alors que l’entreprise alsacienne a réalisé près de 80% d’export en 2022, elle développe depuis près de cinq ans de nouveaux projets en partenariat avec des architectes et de grandes maisons de luxe françaises. « On leur propose d’embellir leurs collections via la feuille d’or sur tous supports, confirme Pascal. On ne cesse de développer nos technicités et nos finitions très spécifiques en lien permanent avec des designers. Il y a beaucoup d’échanges, d’essais, de chimie, avant d’arriver à ce que souhaite le client. C’est du très haut de gamme. »

Cette passion, qui demande autant de précision que de patience, Pascal et les siens tiennent à la transmettre. C’est en ce sens que l’Atelier continue à former un apprenti tous les deux ans. « La 14e apprentie s’apprête à passer son CAP en juin et on vient d’embaucher la 15e apprentie pour un démarrage en septembre. Au niveau national, ils sont entre 10 et 15 apprenants à se lancer chaque année dans le métier de la dorure. Ce sont très souvent des femmes. »

Niveau actualité, l’Atelier Meyer sera présent du 2 au 5 novembre prochains au Salon international du patrimoine culturel au Carrousel du Louvre à Paris. Cette 27e édition articule cette année sa programmation autour de la thématique "Futur en héritage" et de la notion de transmission.

Auteur : Florian Dacheux

INFOS PRATIQUES 

Atelier Meyer 
36 rue Principale - 67300 Schiltigheim 
+33 3 88 19 02 44 
ateliermeyer@mac.com 
www.ateliermeyer.fr


DÉCOUVREZ LA SÉRIE D'ARTICLES SUR LES MÉTIERS D'ART