Cancer du sein : du soutien-gorge connecté à l’impact des métaux

1% des cancers du sein touchent des hommes, les femmes âgées en meurent trop souvent : toutes les questions étaient permises lors de la croisière nocturne organisée fin octobre par Batorama sur le cancer du sein. 

CONSTANTE AUGMENTATION

Le cancer du sein est le premier des cancers en France, en constante augmentation : 25 000 nouveaux cas il y a 30 ans et ...60 000 actuellement. C'est ce qu'a rappelé le professeur Carole Mathelin, chef de service de chirurgie à l’Icans (Institut de cancérologie Strasbourg Europe, ex-Ademas) et membre de la société internationale de sénologie, en préambule à la croisière à laquelle ont participé médecins, ex-malades et tout autre public concerné par le sujet. L'Icans invite notamment les femmes de plus de 50 ans à faire des mammographies régulières, sensibilise aux facteurs de risques et aux moyens de réduire ceux-ci. Il soutient la campagne Octobre rose, qui informe et mobilise contre le cancer du sein par des manifestations sportives tout au long du mois, dont la Strasbourgeoise, la Hohwaldoise…

SAUT DANS L'INCONNU

Pour réduire les facteurs de risques du cancer du sein, il faut éviter l'obésité, faire du sport, limiter la consommation d'alcool, avoir une alimentation saine et faire des mammographies tous les deux ans, le plus tôt possible. « Car il y a peu de moyens de prévention pour l’empêcher d’intervenir », a souligné Catherine Guldenfels, médecin et responsable du Centre régional de coordination des dépistages des cancers. 
Malgré cela, « 75% des cancers du sein n'ont pas de causes définies », a concédé le professeur Madelin. Mais une étude actuellement menée à Strasbourg mesure l'impact des pesticides et des métaux sur les cancers du sein. « Nous espérons avoir les résultats dans un an. »

PENSER AU MARATHON

Trois marraines de la Strasbourgeoise ont témoigné. Murielle Schneider Kern, marraine 2021 : malgré une bonne hygiène de vie, sans facteurs de risque, elle a pourtant eu un cancer du sein en 2013. Lors de sa récidive en 2018, avec de graves métastases et un stade 4 de la maladie, elle trouve sa propre thérapie et s'en sort :« Eviter l'isolement, tout mettre en œuvre pour s'en sortir, multiplier les soins. J'ai pensé au marathon : on se concentre sur la fin de l'épreuve. Fixe-toi l'arrivée. »
Marraine 2020, Isabelle Kremser a deux messages à faire passer : être entourée de ses proches et conserver toute son énergie.
Marie-Louise Leleu, marraine 2019: « Certes, je suis en rémission, mais le cancer est toujours en moi. Le mieux est de ne pas l'avoir : faites tout pour ça. »

Les marraines de la Strasbourgeoise
Les marraines à Strasbourgeoise 2021 - © Renaud Guyomard

DANS LA MOYENNE

Un fructueux échange de questions-réponses entre médecins et voyageurs du soir a suivi. A la question de savoir si l'Alsace et la région Grand Est sont plus touchées que d'autres régions, la réponse est non : l'Alsace se situe dans la moyenne nationale, mais « la prise en charge est excellente ». « Et il n'y a pas de corrélation entre alimentation alsacienne et incidence du cancer du sein. »

[LIRE AUSSI >> OCTOBRE ROSE : LUTTER CONTRE LE CANCER DU SEIN]

SOUTIEN-GORGE CONNECTé

S'il est possible aux plus jeunes femmes de se faire dépister par des IRM ou des échographies, la mammographie est l'examen de référence à partir de 50 ans. « Mais Strasbourg s'implique beaucoup dans la recherche, a poursuivi le professeur Mathelin. On travaille actuellement à un soutien-gorge connecté, basé sur la thermographie, qui permet de dépister des zones de chaleur : le cancer est en effet une zone plus chaude du corps. Mais ce soutien-gorge n'est encore qu'en cours d'exploration. »

600 HOMMES TOUCHES PAR AN

Si l'on pense automatiquement aux femmes en évoquant le cancer du sein, celui-ci touche 1% des hommes, soit 600 chaque année.

EN PARLER OU PAS ?

Docteur Guldenfels pour la croisière rose de Batorama
Le docteur Catherine Guldenfels, Médecin responsable du site Bas-Rhin du CRCDC (Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers)

Quand une personne est atteinte d'un cancer du sein, doit-elle en parler ou pas à son entourage professionnel ? Le Dr Catherine Guldenfels refuse de recommander une posture ou d'affirmer une règle générale : « La parole se libère de plus en plus, mais cela doit rester un choix. Il est important d'être bien entouré, et le cadre professionnel peut être un entourage. »

DéODORANT ET CANCER

Existe-t-il une corrélation entre cancer du sein et déodorant ? La question concerne bien sûr les déodorants contenant de l'aluminium, et le professeur Mathelin y répond par le doute. « On n'est pas sûr de sa toxicité. Nous aurons une réponse fiable dans un an. »

ALLAITER PREMUNIT TRèS PEU

« L'allaitement réduit le risque de cancer du sein, mais de façon très modeste. Il faut allaiter un an pour réduire le risque de 4%. Il est plus utile de faire une marche rapide de 20 à 30 mn chaque jour. »

SUS A L'ENVIRONNEMENT

Le professeur Mathelin est intervenu pour la croisière rose de Batorama en octobre 2021
Le professeur Carole Mathelin, chef de service de chirurgie de l'ICANS (Institut de Cancérologie de Strasbourg)

Si les facteurs de risque inhérents à la personne ne sont que très peu connus, les facteurs extérieurs le sont davantage. « L'irradiation cosmique est un facteur de risque. Ainsi les hôtesses de l'air ont plus de cancers du sein que d'autres femmes. Autres facteurs de risque : le diabète de type 2, l'hyperthyroïdie, les pesticides. Egalement en cause, le mauvais sommeil et le travail de nuit, ce qui est lié à une insuffisance de mélatonine. »

PROTHèSES MAMMAIRES

« Les réductions mammaires ne limitent pas les risques de cancer du sein. La pose de prothèses mammaires entrainait autrefois des risques, mais celles qui sont considérées comme dangereuses ont été interdites. Les femmes qui en portent doivent se faire suivre tous les ans. »

[LIRE AUSSI >> LE MOIS D'OCTOBRE NOUS MOBILISE, FRAIS COMME L'ILL... ROSE COMME UN RUBAN DE SOLIDARITE]

ET APRèS 75 ANS ?

Les femmes sont-elles encouragées à faire des mammographies jusqu’à 74 ans seulement : pourquoi pas au-delà ? « Il est primordial de continuer à se faire dépister après 75 ans. Si les femmes plus âgées ne sont plus invitées à se faire dépister, c'est uniquement pour une question de logistique, mais c'est vital. Car chez les femmes de 75-80 ans, les cancers du sein sont plus nombreux que chez les 40-45 ans. Il ne faut jamais cesser les dépistages : cela peut être très grave chez une femme âgée, car elle a moins de défenses immunitaires. Pour cette tranche d'âge, la France est très mal située en Europe, avec plus de cas qu'ailleurs. Les taux de guérison du cancer du sein en France sont excellents, sauf chez les femmes âgées. »

OPERéE A 102 ANS

Une exception : la doyenne des malades du professeur Mathelin a été opérée à 102 ans avec succès. « Et à 106 ans, elle va très bien. » 

 

Auteure : Lucie Michel


Dans le cadre d'Octobre Rose,  L’ICANS, institut de référence en France dans la lutte contre le cancer, a réalisé des podcasts à ce sujet :