Le coup de cœur de Claire Merlin (PAS) pour Strasbourg

Docteure en droit, titulaire d’un MBA en économie maritime et des transports, Claire Merlin sort d’une longue expérience professionnelle entamée dès 2006 au cœur du grand port maritime de Marseille. Elle y a occupé les fonctions de directrice des affaires juridiques, puis de directrice de la stratégie et du pilotage. Entretien avec une femme pleine d’ambition qui ne cache pas son coup de cœur pour la ville de Strasbourg où elle vient de prendre la direction générale des Ports de Strasbourg.

Comment est née votre passion pour le secteur portuaire, fluvial et maritime ? 

J’ai toujours été attirée par la mer et le fleuve. Je suis née à Lyon au bord du Rhône, ce qui a certainement influencé et renforcé mon attirance pour ces espaces gouvernés par un principe de liberté. Au départ, je souhaitais être enseignante puis j’ai trouvé ma voie en commençant ma carrière chez Voies Navigables de France en 2004. Puis je ne suis plus jamais sortie de ce secteur passionnant par sa diversité d’acteurs. Il y a un côté voyage et exploration qui colle bien avec mon caractère. Même si je travaillais au départ sur les aspects juridiques, j’ai très vite été associée aux projets en matière de rénovation d’écluses, projets d’infrastructure, d’environnement et de développement économique. 

« Strasbourg, un terrain de jeu absolument passionnant » 

Au grand port maritime de Marseille, vous étiez notamment responsable du pilotage du projet stratégique de l’établissement et de l’élaboration des orientations d’aménagement de la zone industrialo-portuaire. Que retenez-vous de cette riche expérience ? 

Cela m’a permis de développer une excellente connaissance du monde portuaire qui reste atypique. J’ai pu collaborer avec une grande diversité d’acteurs, en dépassant les antagonismes entre le privé et le public pour aller chercher ce qui nous unit plutôt que ce qui nous sépare. Un port est une institution publique qui fonctionne comme une entreprise. Il faut faire un chiffre d’affaires, gérer des espaces naturels tout en faisant du développement économique. J’ai beaucoup appris autant sur le savoir-être que sur le savoir-faire. Un des sujets qui m’a le plus passionné, c’est de travailler sur la planification spatiale et les orientations d’aménagement d’ici 2040, en sachant que le grand port maritime de Marseille représente 10 000 hectares positionnés sur une zone très sensible sur le plan environnemental. Il se situe à la lisière avec la Camargue. Il y a beaucoup d’espaces protégés. Il a fallu mettre autour de la table tous les acteurs publics et privés (acteurs institutionnels, entreprises de la place portuaire, partenaires sociaux, associations …) pour construire et partager une même vision du développement et de l’aménagement du territoire dans un contexte de transitions.

Le siège du Port autonome de Strasbourg ©Frédéric Foels
Le siège du Port autonome de Strasbourg - © Frédéric Foels

Pourquoi avoir choisi de quitter Marseille pour Strasbourg ? 

C’est une très belle opportunité. Et je dois dire que j’ai eu un coup de cœur pour la ville de Strasbourg et sa région. On sent tout de suite qu’il s’agit d’une ville internationale à taille humaine avec une très belle qualité de vie. L’énergie y est très sympa. En termes d’évolution de carrière, je n’ai pas hésité. C’est un poste qui me permet de faire la synthèse entre ce que j’ai appris chez VNF et au grand port maritime de Marseille. A Strasbourg, il s’agit d’un port sur 1000 hectares ouvert sur la ville avec toutes les problématiques liées à l’interface ville-port, au monde industriel et aux sujets de transition énergétique ; un port est par définition un monde ouvert et la rencontre des acteurs publics et privés laisse présager de très belles aventures collectives. C’est également un territoire très engagé sur le plan écologique. Du fait du dynamisme local et de la proximité avec l’Allemagne, sans parler du régime spécifique sur le Rhin, il s’agit pour moi d’un terrain de jeu absolument passionnant. 

« Le port est un acteur clé du territoire »

Sur ce terrain de jeu où vous évoluez depuis peu, quelle est votre ambition et vos axes majeurs de travail pour les mois à venir ?

Pour commencer, je dois dire que j’ai reçu un excellent accueil en interne comme en externe. C’est très agréable. Tout d’abord le port est un acteur clé du territoire. Il doit jouer un rôle majeur en matière de transition écologique, numérique, énergétique. Le port est un des acteurs de la décarbonation. Cela va structurer nos projets à venir, avec un gros investissement en matière de création d’énergies décarbonées. Les Ports de Strasbourg doivent s’imposer comme une plateforme multimodale de premier plan. Nous aurons notamment un nouveau terminal ferroviaire en extension du terminal sud. Nous visons une mise en service d’ici 2026. L’autre enjeu, c’est l’interface entre la ville et le port. Il s’agit d’un port urbain, donc il faut trouver le meilleur équilibre.. Nous allons relancer l’axe rhénan dans une logique de coopération avec l’ensemble des acteurs français, allemands et suisses notamment sur les sujets de transition. 

Les Ports de Strasbourg va se doter d’ici 2026 d’un nouveau terminal multimodal ©Bartosch Salmanski
Les Ports de Strasbourg va se doter d’ici 2026 d’un nouveau terminal multimodal - © Bartosch Salmanski


Confirmez-vous le regain d’intérêt pour le fluvial dont les atouts correspondent aux enjeux en termes de transition écologique notamment ?

Oui, je confirme ce regain d’intérêt. Le fluvial a toujours été performant sur la longue distance, ce qui est particulièrement vrai sur le Rhin. On constate que de plus en plus d’entreprises s’y intéressent pour livrer leurs marchandises. La logistique urbaine a le vent en poupe. Le secteur est dans une logique de décarbonation, ce qui est très positif pour les projets futurs. C’est bon signe de ressentir cet élan car le fluvial, comme le ferroviaire, est une des solutions compatibles avec les impératifs en matière de transition écologique et énergétique. Je crois que nous apportons des réponses au dernier rapport du GIEC. On le constate également dans le slow tourisme avec cette mobilité verte développée par les croisières fluviales. C’est pourquoi c’est essentiel de travailler en synergie avec l’ensemble des acteurs du territoire si on veut obtenir des résultats. 

Recueilli par Florian Dacheux

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 Groupe PAS. Ports de Strasbourg
 

A propos de l'auteur

Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.

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