La passion de l’orgue avec Cyril Pallaud

A 35 ans, l’artiste alsacien Cyril Pallaud affiche un palmarès impressionnant : organiste depuis plus de vingt ans, directeur musical de l’Orchestre de Chambre et de Chœur de Colmar, conférencier reconnu. Avec plus de 300 concerts à travers le monde et plusieurs années d’interventions en milieu scolaire, ce musicien multi primé souhaite montrer l’orgue sous un nouveau jour. 

Portrait Cyril Pallaud

 

Un homme-orchestre inspiré  

C’est à l’âge de 4 ans, après une sortie scolaire à l’église Notre-Dame de Guebwiller que lui vient cette attirance pour la musique classique, et notamment pour l’orgue. « Cela m’a fasciné non seulement en termes de sons, mais aussi en termes de mécanique, de complexité des technologies. » Il débute son apprentissage musical avec le piano, pour revenir à son premier amour, l’orgue, à l’âge de 12 ans. Premier musicien de la famille, Cyril Pallaud est présent tous les dimanches lors des offices religieux, et de fil en aiguille, devient organiste professionnel. Il étudie les maths, l’histoire, la musicologie en France et en Europe. Conférencier, enseignant-chercheur, directeur artistique de l’Orchestre de Chambre et de Chœur de Colmar, organiste titulaire de l’Église de Saint-Guillaume de Strasbourg…. Il enchaîne les différentes fonctions, mais aussi les prix. Il reçoit ainsi le prix Talents d’Avenir de la Fondation d’Alsace en 2011, le prix international du Léon d’Or en 2012 et 2014, et est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2021. De multiples reconnaissances pour l’ensemble de sa carrière.

 

Vivre la musique 

Le répertoire de prédilection de l’artiste colmarien : la musique baroque, notamment celle du 18e siècle. « La Renaissance va souvent de pair avec une musique de l’intellect, une recherche de la perfection. Mais pour moi, la musique baroque du 18e siècle représente les émotions. Quand l’organiste monte sur scène, il doit tout donner au public, il doit mourir sur scène. » Transmettre toute une palette d’émotions à travers la musique, avec la sonorité, mais aussi l’expressivité. « Dès qu’il y a un concert d’orgue, je souhaite qu’il y ait un écran géant. L’organiste est le seul musicien caché par l’instrument. Or le geste du musicien est aussi beau à voir que le son qu’il produit. » Musicien et chef d’orchestre, la posture est différente, même s’il y a une certaine continuité. « S’il y a connexion entre les musiciens et le chef d’orchestre, ce qui se passe est alors magique, le public sent cette énergie. Nous sommes tous dans le même geste, c’est un seul et unique geste artistique. Les répétitions servent alors à ça, faire comprendre aux musiciens à quel geste j’aimerais arriver, et essayer d’y travailler ensemble. » 

 

Une histoire de transmission 

Instrument exceptionnel et complexe, l’orgue en France reste ainsi cantonné aux édifices religieux, de par son histoire. « Au Japon, les orgues sont dans les salles de concert, et c’est un instrument banalisé comme le piano. En France, les orgues n’existent que dans les églises, ce qui peut dissuader le public de venir à des concerts. »

Selon Cyril Pallaud, le métier d’organiste est avant tout une vocation en voie de disparition. Il existe trop peu d’organistes professionnels en Alsace pour la quantité d’instruments (1200 orgues sur le territoire). Pour pallier à cela, il organise depuis de nombreuses années des actions pédagogiques dans les écoles primaires et les collèges de la région afin de promouvoir la beauté de cet instrument, et sa richesse historique. « Être organiste fait partie d’un contexte particulier, il faut jouer dans les églises, il faut accompagner les offices religieux, et surtout nous ne possédons pas notre propre instrument, nous sommes dépendants d’un instrument qui n’est pas le nôtre. ». Démocratiser l’orgue, participer à la sauvegarde de son patrimoine… autant de missions auxquelles se consacrent le jeune chef d’orchestre.

Par ailleurs, après de nombreuses recherches dans le domaine de la musicologie, il se consacre à la diffusion d’un matrimoine autour de partitions de compositrices oubliées. « En musique classique, nous jouons uniquement des compositeurs. Avec le confinement, je me suis intéressée à une compositrice exceptionnelle, Marianne de Martines, une collègue de Mozart. A l’époque, elle n’a pas eu le droit d’être éditée, parce qu’elle était une femme, et donc elle n’a pas eu droit à la postérité. » Des partitions dénichées à Vienne, inédites à notre époque, car elles n’ont même jamais été jouées en concert. « En tant que musicien, nous sommes des archéologues de la musique face à une partition qui n’a jamais été enregistrée. Il n’y a aucun moyen de comparaison, il faut répéter, corriger les fautes du manuscrit, trancher sur l’articulation, la vitesse, le volume… » Un défi supplémentaire pour ce fervent défenseur de la musique. 

Portrait Cyril Pallaud 

 

A venir :

Page de Cyril Pallaud

 

Auteure : Lucie Bousquet

A propos de l'auteure 

Formée à l’écriture et à la communication, Lucie a commencé dans les médias pour un magazine digital en Chine. Après quelques années dans la gestion de projets associatifs et artistiques, elle se lance en tant que rédactrice dans les domaines du tourisme et de la culture. En veille permanente sur l’actualité sociétale et culturelle, Lucie vit entre Strasbourg et Paris. Elle participe régulièrement à des projets collectifs autour de l’écriture et du numérique.

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