Un pharaon oublié, une épidémie créatrice, des souris en folie et tout le pouvoir de l’eau : quatre expositions à ne pas manquer !
Tout sur Toutankhamon
Partir en expédition en Egypte au début du XXe siècle, à la recherche des trésors enfouis des pharaons, comme si on y était vraiment ? C’est ce que permet l’exposition « Toutankhamon, à la recherche du pharaon oublié », au parc-expo de Strasbourg.
Ça commence bien, car on y partage l’expérience de l’archéologue Howard Carter qui découvrit le tombeau de Toutankhamon dans la Vallée des rois : le scientifique est la voix de l’audio-guide remis à chaque visiteur, avec lequel il partage ses aventures franchement passionnantes. Par exemple son voyage sur le Nil, sa rencontre avec Lord Carnarvon qui finance ses recherches et qui manque de tout abandonner au moment crucial.
Et puis soudain, en 1922, est survenu la découverte de l’accès au tombeau du jeune Toutankhamon. « Je vois des merveilles », crie Howard Carter à son mécène. Tant de merveilles qu’il faut presque dix ans pour vider complètement la tombe.
La momie du jeune pharaon, mort à dix-huit ans, portait un masque d’or de onze kilos sur le visage. Autour de lui, des bijoux, des objets magiques, des accessoires de toilette, des meubles (lits, trônes et coffres)... Et presque toutes ces découvertes se trouvent sous les yeux des visiteurs de l’exposition.

A Strasbourg, le trésor exposé ne se compose que de fac-similés réalisés par les ateliers du Musée du Caire, où sont évidemment conservés les originaux. Le visiteur reste bluffé par ce fabuleux voyage dans le temps.
Jusqu’au 23 février 2024 au Parc des expositions de Strasbourg, Hall 5, avenue Herrenschmidt. Du mardi au vendredi de 10 h à 17 h (18 h les week-ends, jours fériés et vacances scolaires). Tarifs : de 12 à 18 € (gratuit pour les moins de 6 ans).

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Sida = maladie, mais aussi exubérance et création
En bas résille et slip tigré, torse-nu sous son blouson en cuir, le danseur est saisi dans l’extase de ses mouvements. Cette photo en noir et blanc, assortie de petites phrases, est l’une des Suites nocturnes de l’artiste Luc Chéry. Sur les sorties en boîte. Celles des années 1980, quand le sida faisait des ravages. Une alerte indique, à l’entrée de l’exposition « Aux temps du sida », au Mamcs, que certaines œuvres peuvent heurter la sensibilité. Erreur : elles l’exacerbent.
Quatre décennies de création plastique, littéraire, photographique et chorégraphique rencontrent ici la recherche scientifique et l’action des associations, sur une bande-son signée David Bowie, Prince, Soft Cell... En chemin, le visiteur croise les artistes Nan Goldin, Sandi Skoglung, Mapplethorpe, Jean-Luc Verna… « Queer = bizarre. Queer = tout le monde », écrit encore Luc Chéry. Et aussi : « Jamais je ne vieillirai. »
En marge de l’exposition : au Mamcs, permanence pour échanger avec des représentants du secteur de la santé, des spécialistes de la prévention, des associations ; à la librairie Kléber, exposition-vente d’œuvres d’artistes contemporains régionaux (jusqu’au 25 novembre), dont le bénéfice des ventes est versé à la recherche contre le sida qui reste malheureusement d’actualité.

Une vidéo du chorégraphe Bill T Jones derrière une œuvre singulière, Le cheval de Troie, de Johan Creten, un buste composé de fleurs noires en céramique, telles qu’on en trouvait autrefois sur les tombes, au Mamcs.
Jusqu’au 4 février 2024, au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (Mamcs), 1 place Hans Jean Arp. Du mardi au samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h, le dimanche de 10 h à 18 h. Le 19 novembre à 12h, concert de Pelicanto, chœur LGBTQ+ d’Alsace. Tarifs : 7,50€ et réduit : 3,50 €.
Souris laconique chez Ungerer
« Mon cœur se tordit comme un bretzel quand j’aperçus Ub, recroquevillé au sol. Je le relevai et lui murmurai à l’oreille : Je t’emmène au Pavillon des visionnaires. » Les légendes de ces planches colorées et minimales sont tirées du livre Clinique von Spatz, de l’illustratrice allemande Anna Haifisch, au musée Tomi Ungerer.
Dans cet ouvrage, les artistes Saul Steinberg, Walt Disney et Tomi Ungerer se retrouvent dans une luxueuse clinique, totalement déprimés. Au Pavillon des visionnaires, où l’art est à la fois cause et solution des blessures de l’âme, ils s’entraident pour retrouver la joie.
Si l’exposition s’intitule « Souris au bec », que les phobiques des souris se rassurent : ils peuvent s’y risquer sans crainte car il n’y a pas que des souris. Y sont également montrées des autoroutes mythiques de Los Angeles, où les panneaux publicitaires continuent d’entretenir le rêve californien. De cet ensemble, émane une poésie graphique, une réflexion sur l’acte de création.
Jusqu’au 7 avril 2024, au Musée Tomi Ungerer, 2 avenue de la Marseillaise à Strasbourg. Tous les jours sauf le lundi de 10h à 13h et de 14h à 18h en semaine (10h à 18h le week-end). Tarifs: 7.50€ et 3.50€.

L’une des planches du livre Clinique von Spatz, de l’illustratrice allemande Anna Haifisch, au musée Tomi Ungerer.
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Que d’eau à Strasbourg !
Outre l’Ill, la rivière qui dessine l’urbanisme de Strasbourg depuis sa création, la capitale européenne se trouve intriquée dans un vaste réseau de cours d’eau : nombreux canaux et bras sauvages de rivières, fleuve, vestiges de la forêt alluviale rhénane (réserves naturelles du Rohrschollen, d’Illkirch-Neuhof, de la Robertsau-Wantzenau). L’exposition « Strasbourg, métropole fluviale et portuaire », présentée au 5e Lieu, révèle la présence de toute cette eau, mais bien plus, elle interroge sur le développement futur de la ville.
En cela, elle s’appuie sur le travail réalisé dans le cadre du programme de recherche « Popsu Métropoles » (2019-2022), associant notamment deux écoles d’ingénieurs locales, l’Ensas et l’Insa. A voir donc, dans cette petite exposition informative, des cartes, des illustrations de Batchou et des photographies du collectif Colléidoscope et des archives du Port.
D’ailleurs, saviez-vous que le Port Autonome de Strasbourg (PAS) est le deuxième port fluvial de France (après celui de Paris) et la première zone d’activité Grand Est ? Il achemine sept millions de tonnes de marchandises par an.
Et que l’Eurométropole compte quelque 400 km de cours d’eau ? Toute cette eau a toujours fait la richesse de la ville, tant économique que naturelle et aujourd’hui urbaine avec les nouveaux quartiers s’étendant vers l’Est.

Une série de photos du collectif Colléidoscope sur le thème de l’eau, au 5e Lieu.
Jusqu’au 10 mars 2024, au 5e Lieu, 5 place du Château à Strasbourg. Du mardi au samedi de 11h à 18h (17 h le dimanche). Entrée libre.
Auteure et crédit photo : Lucie Michel