Il porte le nom de la ville qu’il va faire visiter : mis à flots au printemps, le Strasbourg a été officiellement baptisé ce jeudi 18 septembre par la Maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, en présence de nombreux élus, des équipes de Batorama et de ses partenaires et amis. Retour sur une soirée entre bulles et paillettes, avec la transition écologique et le progrès toujours en tête.
Sous les arbres de la place du Marché-aux-Poissons, à quelques mètres de l'embarcadère Cathédrale, un attroupement s'est créé, au pied d'une exposition : L'Odyssée. En ce jeudi 18 septembre, l'excitation monte parmi les invités. Les univers se croisent, les partenaires se retrouvent ou se rencontrent. Tous et toutes, la même attente : découvrir celui qui les unit, le Strasbourg.
18h10. C'est avec trois coups de corne de brume que celui-ci s'annonce, et s'approche sous le regard curieux de l'assistance. Avec ses 25 m de long, 4,85 m de large, ses lignes épurées et son design élégant, il a fière allure. Dernier-né de la flotte Batorama, il multiplie les innovations, dont la principale : celle d'être le premier bateau-promenade 100% électrique, et à « Zéro Émission ». Un engagement pris par Batorama en 2016 dans le cadre de son projet de décarbonation progressive de sa flotte.

Il en aura fallu de la patience, depuis les premiers plans dès 2018 avec le cabinet Ship-ST (basé à Lorient), puis sa construction sur le chantier naval Transmetal Industrie (à Saint-Mandrier-sur-Mer, près de Toulon)... Mais aujourd'hui : le Strasbourg navigue enfin et a déjà transporté près de 45 000 passagers depuis sa mise en service le 26 mars dernier.
« Un moment fort et symbolique »
Il est l'heure des discours. Et c’est tout naturellement à Isabelle Burget, directrice générale de Batorama, qu’il revient de prendre la parole pour présenter ce projet de transformation profonde de l’entreprise.
La conception, la construction et la mise en service du Strasbourg a été, pour Batorama, une aventure, une véritable « Odyssée » – un thème décliné tout au long de ce baptême. Isabelle Burget a rappelé que « Dans l’œuvre d’Homère, Ulysse entreprend un long voyage, semé d’épreuves, un voyage qui transforme profondément ceux qui le vivent… Comme le voyage d’Ulysse, notre aventure est faite d’attente, de persévérance, de défis techniques et humains, mais surtout de transformations profondes. Transformation technique, bien sûr, vers une navigation zéro émission. Transformation culturelle aussi, car ce bateau nous a invité à repenser notre manière de travailler, d’accueillir et de partager. »
Avant de céder la parole à la marraine du bateau, Isabelle Burget a tenu a rappelé que « ce baptême est à la fois un hommage au passé et une promesse d’avenir ». Hommage au passé car il n’est pas de plus ancienne tradition que celle de baptiser un bateau. Hommage au passé aussi parce que ce bateau s’inscrit dans une évolution continue, depuis le pentécontère d’Ulysse en passant par le bateau électrique de Jacobi. Hommage et tout à la fois promesse d’avenir parce qu’un baptême est culturellement le premier jalon d’une nouvelle vie et que pour Batorama le Strasbourg est la première étape d’un processus de décarbonation.
Dans son allocution, Jeanne Barseghian, marraine officielle du Strasbourg (en sa qualité de Maire de la Ville) revient elle aussi, sur l’ « émotion et la fierté » que représente ce baptême. Rappelant les caractéristiques techniques, aussi bien que les liens qui unissent la Ville à Batorama, avec son modèle économique mixte et original (entre fonds privés et publics) : « une singularité qui fait sa force ».
Mais aussi sur l'ancrage de Batorama à Strasbourg, qui invite non seulement à « voir la ville autrement », depuis l'Ill, mais qui incarne aussi ses valeurs, avec le développement d'un tourisme tourné vers la transition écologique. Mettant au service pour cela, avec « audace et expertise », les capacités et savoir-faire locaux.

Discours de la Maire de Strasbourg © Mirdass
Strasbourg... à bord du Strasbourg
S'il peut recevoir entre 126 à 135 passagers dans son salon intérieur (avec en sus, un pont-terrasse arrière d'une capacité de 4 à 10 personnes), 125 passagers monteront à bord pour cette visite.
Accueillis à bord par Isabelle Burger, la Maire Jeanne Barseghian, et l'équipage, le public curieux découvre les nouveaux équipements que comporte le bateau, à l'instar des tablettes tactiles qui diffusent et augmentent la visite audio.
Autre nouveauté : sa verrière escamotable qui lui permet de s'adapter à la météo toute l'année (et réduire ainsi les consommations d'énergie liées à la climatisation et au chauffage). Avec la météo favorable de ce début de soirée de fin d’été, celle-ci a été ouverte, laissant profiter, avec la douceur de l'air et d'une légère brise. C'est qu'il fait bon vivre, à bord du Strasbourg.
Démarre alors une croisière calme, à peine troublée par quelques conversations : un des avantages du Strasbourg réside dans le silence de sa machinerie. Le tout électrique a plus d'une qualité. [Au détour d'une phrase, un passager s'émerveillera dans la soirée du silence du Strasbourg, emprunté plus tôt : « Ah, quand on entend que le bruit de l'eau... »].

© Mirdass
Alain, le pilote du jour, et son chef de bord emmènent la croisière à travers la Petite France, pour descendre jusqu'au Tribunal et la Neustadt, pour une visite d'une demi-heure au fil de l'Ill, autour de la Grande Île. Dans le soleil rasant de cette fin de journée, une lumière ocre et dorée vient lécher et sublimer le grès rose de la Neustadt, dont l'église Saint-Pierre-le-Jeune, sur notre trajet. Filmé par des badauds et touristes, salué tout au long de son voyage, le Strasbourg attire les sourires sur les visages... Peut-être lisent-ils sur sa coque que « Le futur de Batorama vogue enfin sur l'Ill ».
19h30. La croisière s'arrête sous les applaudissements, à l'embarcadère Saint-Etienne, non loin de Pontonniers. Il est désormais temps de rejoindre à pied, le reste de la soirée.
L'Église Saint-Guillaume : théâtre d'une grande Odyssée
Accueilli dans la bucolique arrière-cour de l'église Saint-Guillaume, le public y croise entre deux rosiers, des créatures aussi fabuleuses qu'aquatiques : Nöxïmä Marley et Arï Meyde Marley, dragqueens de la House of Marley. Une maîtresse de cérémonie accompagnée de sa sirène, échouées sur le parcours de cette « Odyssée » proposée par Batorama, et thème central de cette soirée d'envergure, dans ce qui fut longtemps l'église des Bateliers.
Dans un toast qui rappelle l'histoire et les qualités du Strasbourg, les deux performeuses, tout en paillettes, écailles et perruques y démontent les « clichés ». Le Strasbourg est là, tout comme elles, pour « éveiller les consciences ».

Une entrée en matière accompagnée d'une musique aquatique, et d'une ambiance océanique que l'on retrouve sur les façades de l'église, où des vagues lumineuses viennent onduler, jusque dans la nef que l'on rejoint... L'Odyssée commence ici. Joli hasard, les cloches de Saint-Guillaume retentissent, et résonnent comme le début officiel des festivités.
Dans une scénographie majestueuse, les prises de parole s'enchaînent : Isabelle Burget, Anne-Marie Jean (Vice-présidente de l'Eurométropole de Strasbourg), Philippe Chauveau (ingénieur transport à l'ADEME), Yann Quiquandon (directeur territorial VNF)... Ils et elles sont unanimes : le Strasbourg trace le sillon d'une navigation plus responsable, décarbonée et silencieuse. « Bijou d'innovations », « magnifique outil de travail », « manifeste flottant »... Le Strasbourg est une réussite. Comme le résume sa directrice : « on l'a rêvé, ils l'ont fait ».
Nöxïmä réapparaît, dans un nuage de parfum et de froufrous, pour appeler sur scène les collaboratrices et collaborateurs de Batorama pour un karaoké géant. Sur l'écran et dans le micro : Le temps est bon (de Bon Entendeur, Isabelle Pierre et Stéphane Vennes)...

© Mirdass
Et puis, les performances s'enchaînent. D'une part, avec le duo Foes & June qui reprend à la guitare, au chant et avec douceur, les tubes des années 70 à 90... De l'autre, la House of Marley au complet : Melankhölia, Anïssa (qui chante L'Alsacitude), Ébëne (performance de danse) et Arï.

Arï qui a troqué sa queue de Loreleï pour une robe satinée accompagnée d'une traîne, pour écume. Arrivant en playback sur une reprise de Voyage, Voyage, elle navigue dans le public... Avant de se découvrir, sur une nouvelle chanson – cette fois de Kim Pétras. Le corsetage et la tradition laissent ainsi place à une tenue futuriste, argentée et fuselée. Un bel hommage aux lignes du Strasbourg. Comme le titre de la chanson, sciemment choisie : Future starts now ! [Le futur commence maintenant].
Et enfin, le DJ Maxx Malloy qui s'empare des platines ; pendant que la House of Marley se réunit autour d'Isabelle Burget. Photo finale d'une grande soirée. ...À moins que les meilleurs souvenirs ne soient ceux immortalisés par le photobooth entre casquettes de capitaine et chope de bière cartonnée ?

© Mirdass
Rédactrice : Fanny Soriano
Enfant, elle s'est rêvée pirate, et adulte : capitaine de voilier. Une destinée tombée à l'eau, avec pour seule bouée : les mots. Mais de Strasbourg qui l'a vue naître, Fanny Soriano en connaît tous les canaux. Qu'ils soient longés au fil de l'eau, à vélo ; maladroitement sur un canoë ; ou un court instant à la barre d'un bateau-croisière. Même sans permis bateau ni aucune mer, elle aime à penser que l'évasion du grand large s'ouvre sur l'Ill, à celui ou celle qui en oublierait l'horizon de la ville.