A Strasbourg, pleins feux sur l’artisanat ! 

Ardents défenseurs de pratiques authentiques, nos artisans ont tant de secrets à nous dévoiler... En ce début d’année, Batorama Le Blog entame une série d’articles dédiés aux métiers artisanaux. Pour introduire cette série, entretien avec Caroline Gomes, chargée de la promotion des filières de l'artisanat à la ville et l’Eurométropole de Strasbourg. 

Quand on parle de filières de l’artisanat, on parle de quoi ?  

Il s’agit des filières du bâtiment, des filières d’art, brassicoles, de l’imprimerie, etc. Sur l’ensemble de l’Eurométropole, on compte environ 38 000 actifs pour 10 000 entreprises. Nous comptons près de 270 métiers d’art et de très nombreuses entreprises labelisées Patrimoine Vivant. Citons notamment l’Atelier Meyer de restauration de dorures et tableaux, la manufacture d'orgues Muhleisen, Lana Papiers Spéciaux, Stumpf Plâtrerie ou encore le maître bottier Metzger.

Caroline Gomes métiers artisanaux
Caroline Gomes

Que mettent en place la ville et l’Eurométropole de Strasbourg pour promouvoir et pérenniser ces savoir-faire locaux ?  

On impulse et on s’associe à tout un tas de projets contribuant à la promotion et à la pérennisation des savoir-faire locaux. Nous travaillons avant tout avec les organisations professionnelles, les corporations de métiers, la Chambre de Métiers d’Alsace, la Fédération Régionale des Métiers d’Art d’Alsace. Il faut savoir que nous comptons de très nombreuses corporations issues du Moyen-Age. C’est pourquoi nous exerçons la tutelle du maire sur les corporations artisanales de droit local. Au sein du service développement économique, je travaille avec les corporations en duo avec Joël Steffen, adjoint au maire en charge du commerce, de l'artisanat et du tourisme, et également président de l'Office de Tourisme de Strasbourg. Cela nous permet d’être en lien permanent avec les métiers, de comprendre les problématiques, de diffuser des infos. Ebénistes, joailliers, pâtissiers, fromagers, souffleurs de verre, orfèvres, …, cela fait du monde. En parallèle, au sein de l’association Ville et Métiers d’Art dont Strasbourg fait partie depuis 1998, nous militons pour apporter davantage de visibilité et de reconnaissance à certains métiers, je pense notamment à ces carrossiers restaurateurs de voitures.

Strasbourg : 200 artisans d’art au salon Résonance(s) - YouTube

Quels sont les événements phares dédiés à l’artisanat ? 

Il se passe toujours quelque chose à Strasbourg ! Le Marché de Noël est évidemment un terrain de jeu grandeur nature pour l’artisanat qui reste central pour maintenir l’authenticité du marché. Nous soutenons notamment les sculpteurs sur bois dans leur présence et leur visibilité au sein d’un chalet en rotation avec d’autres corporations comme les artisans brasseurs. Il y a également les Marchés des Créateurs organisés par l’association Touch Arts. Ces marchés ont lieu dans la Halle du Marché au Neudorf (prochaines dates : 12 février, 12 mars et 9 avril ; puis en mai, juin et août place de Zurich). Près de 60 artistes et talents alsaciens et de la région Grand-Est seront présents. Il y a également chaque année les Journées Européennes des Métiers d’art (cette année du 27 mars au 2 avril). Mais aussi le Salon européen Résonance[s] qui a lieu mi-novembre. Ce salon est devenu un incontournable des salons des métiers d’art en France avec des œuvres de caractère, originales, créatives et raffinées. 

 « Faire connaître ces talents qui représentent des locomotives pour de nombreuses filières » 

 

Qu’impulsez-vous pour renforcer la structuration, le développement et l’attractivité des métiers de l’artisanat ? 

Notre idée est de tout faire pour faire connaître ces talents qui représentent des locomotives pour de nombreuses filières. Je pense notamment à Adeline Ziliox, une créatrice de mode qui bouscule les codes de la haute couture. On essaie par exemple de s’interroger sur les usages d’aujourd’hui et de demain en apportant un nouveau regard. En faisant le lien notamment avec des designers qui vont venir apporter un second souffle à des savoir-faire méconnus ou un peu en retrait, en apportant par exemple de la réalité augmentée à des techniques anciennes. Ils vont venir les aider dans leur process, leur réflexion. Nous avons des fleurons de leur pratique artisanale mais qui, par manque de réseau ou humilité, ne communiquent pas ou peu.

Sur l’aspect communication, on travaille notamment avec Zut Magazine en éditant des hors-séries dynamiques sur l’artisanat. Le but étant de mettre en valeur les richesses et les diversités de l’artisanat local, tout en suscitant des envies auprès des jeunes générations. Ce qui nous intéresse, c’est d’entrer aussi dans des logiques de transmission de savoir-faire d’excellence. Nous avons des entreprises du Patrimoine Vivant, des Meilleurs Ouvriers de France, etc. C’est tout un écosystème qu’il faut promouvoir et se faire rencontrer. La Chambre des Métiers agit en parallèle sur l’aide au recrutement d’apprentis. Il nous arrive aussi de participer à l’ouverture de boutiques éphémères pour favoriser les rencontres en essayant d’obtenir des loyers modérés. Beaucoup d’initiatives sont menées dans ce sens, à l’image des Concept Store de Noël développés par Caroline Boeglin de Gnooss. Sans oublier la Galerie Le 22 qui promeut des artisans dans un espace situé dans le quartier de Neudorf, ouvert deux week-ends par mois. De nombreux collectifs s’organisent, tels que Le Générateur rue Sainte-Madeleine, Les Herbes Folles rue du Jeu-des-Enfants.

Caroline Gomez métiers artisanaux zut

Un dernier mot ? 

Oui, en vérité, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que nous servons avant tout d’intermédiaires pour mettre en réseau différents acteurs. C’est pourquoi il est important pour nous de bien connaître le terrain et de soutenir les différentes manifestations. On peut très bien activer des solutions entre une start-up innovante et un artisan. On s’appuie notamment sur Tango&Scan, un dispositif de soutien financier qui favorise la rencontre entre un acteur du secteur créatif ou numérique et un acte0ur d’un autre secteur d’activité pour la réalisation d’un projet innovant commun. Sur le développement durable, on travaille en lien avec la Chambre des Métiers. Une douzaine d’artisans ont notamment reçu le label Eco-Défi pour leurs actions concrètes telles que l’installation de luminaires économes en énergie, l’équipement en vélo à assistance électrique ou encore l’équipement en système de prétraitement des eaux usées issues de l’activité professionnelle. A l’avenir, on aimerait beaucoup arriver à mettre en place des circuits d’ateliers sur un itinéraire varié qui nous emmènerait à la rencontre des meilleurs artisans d'art et créateurs de la ville.

Galerie 22 Métiers artisanaux
La Galerie le 22 mettant en lumière les artisans à Neudorf

Recueilli par Florian Dacheux

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