#Coulepastonete, pour passer un été tranquille au bord de l'eau

Avec la chaleur sont réapparus les comportements à risque au bord des voies d'eau. L'occasion pour tous les acteurs de la filière de sensibiliser jeunes et moins jeunes aux dangers des baignades non autorisées.


C'est vrai qu'en plein été, la tentation du plongeon est forte. L'appel de la fraicheur, d'une eau douce et vivante, d'une bonne dose d'adrénaline aussi. L'émulation qui se créé au sein d'une bande de copains, et qui pousse à passer outre ses peurs. Voire même le sentiment de se conformer à une tradition, de faire comme les anciens, autrefois, et retrouver le rapport simple que nos aïeux pouvaient avoir avec la nature. Sauf que cette dernière est loin d'être sans danger. L'accident mortel survenu le mois dernier à la hauteur de la passerelle Ducrot, à Strasbourg, est venu amèrement nous le rappeler : aussi attirante qu'elle soit par une chaude journée d'été, l'eau de nos rivières et de nos canaux peut tuer.

1 000 morts chaque année

Selon Santé Publique France, les noyades accidentelles sont responsables chaque année d'un millier de décès, ce qui en fait la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans. 40% de ces noyades mortelles ont lieu dans des cours d’eau ou sur des plans d’eau. Alors que l’assouplissement des contraintes liées au contexte sanitaire et le retour des beaux jours incitent chacun à profiter des espaces de respiration que constituent les fleuves, canaux et rivières, Voies navigables de France rappelle ainsi que ces derniers ne sont pas faits pour la baignade, hors espaces aménagés. Y piquer une tête peut au contraire s'avérer particulièrement dangereux.

Pour l'établissement public, la campagne de sensibilisation aux risques de noyade fait partie des traditionnels messages du début de l'été. Mais elle revêt cette année une dimension particulière, alors que la situation sanitaire a fortement pesé sur l'apprentissage de la nage. Ils sont ainsi quelque 800 000 écoliers et collégiens à n'avoir pas pu apprendre à nager ou se perfectionner, depuis le début de la crise du covid, du fait de la fermeture des piscines. Les pouvoirs publics redoutent une augmentation significative du risque de noyade pour les enfants qui ne savent pas ou peu nager et invitent les parents à la plus extrême vigilance. Pour les plus âgés, le fait de pouvoir enfin relâcher la pression après plusieurs mois de confinement risque là aussi de conduire à une multiplication des comportements à risque.

Se baigner dans l'Ill ou dans le Rhin : une très mauvaise idée

Le danger est en effet bien souvent méconnu, ce qui peut conduire à des drames. C'est le cas en particulier des sauts depuis les ponts, souvent plébiscités par les jeunes en été. Même lorsque leur hauteur est faible, cette activité est très risquée. Dans l’eau trouble des canaux et des rivières, à l’endroit où sont construits ces ponts, se cachent en effet des ouvrages qui en cas de saut peuvent se révéler mortels : blocs de béton, pieux métalliques, amoncellement de roches. De plus, les canaux et rivières sont peu profonds ce qui accentue le risque d’accidents. S'y ajoute, pour les voies navigables, le risque de collision avec un bateau de commerce ou même un bateau de plaisance. Contrairement aux voitures en effet, les bateaux ne sont pas pourvus de freins. Un coup de gouvernail ne les fera pas partir en tête-à-queue. Surtout, la tête d'un baigneur, à la surface de l'eau voire dans les remous, n'est que peu visible depuis le poste de commande.

Les 6 risques courants dans les fleuves, rivières et canaux
Les 6 risques courants dans les fleuves, rivières et canaux

C'est le cas en particulier du Rhin, sur lequel naviguent de très grands convois, déplaçant plusieurs milliers de tonnes. « C'est vraiment une très mauvaise idée de s'y baigner, d'autant plus qu'on est en période de crue et que les courants y sont donc très importants », estime ainsi Valérie Meyer, cheffe du département tourisme et services aux usagers de VNF Strasbourg. Mais même lorsque les courants ne sont pas apparents, les risques de noyade sont réels, rappelle l'établissement. Un plan d'eau calme peut cacher des courants parfois très violents en profondeur. Les remontées sur berge peuvent être difficiles pour les baigneurs, et la mauvaise visibilité sous l'eau, souvent limitée à quelques centimètres du fait de la présence de particules en suspension, peut rendre le sauvetage d'une personne en difficulté très difficile, voire impossible. Sans compter le risque d’hydrocution, avec une eau à 15°C et des courants profonds encore plus froids, voire des soucis d'intoxication. « La qualité de l'eau des voies navigables ne fait pas l'objet de la même surveillance que pour les eaux de baignade. On peut y trouver des matières organiques, des hydrocarbures, voire même des métaux lourds », souligne Valérie Meyer.

De même, la baignade est interdite à proximité des écluses et des barrages en raison du danger que représentent ces ouvrages et des manœuvres qui y sont effectuées. Dans bien des cas, les écluses sont automatisées et il n'y a donc personne sur place pour les surveiller et porter éventuellement les premiers secours. C'est le cas notamment de l'écluse 51 du canal de la Marne-au-Rhin, entre le quartier du Wacken et Schiltigheim, souvent prisée des baigneurs. Ses portes reposent sur des murs de quai en béton. Invisibles depuis la surface, ils peuvent être facilement heurtés par les plongeurs. Sans compter qu'à chaque bassinée (le cycle de remplissage et de vidage du sas de l'écluse), ce sont 600 m3 d'eau qui s'engouffrent ou sont évacués par le système de remplissage, créant des tourbillons pouvant tirer les nageurs vers le fond. Le franchissement des barrages, comme ceux régulant le cours de l'Ill à la Petite France, est interdit, tant les remous qu'ils provoquent peuvent facilement déstabiliser les embarcations et empêcher les personnes tombées à l'eau de remonter à la surface. 

#Coulepastonete, la campagne de prévention sur les risques de noyades dans les rivières, canaux et fleuves par VNF

Auteure : Nathalie Stey

 

A propos de l'auteure

Journaliste indépendante amoureuse de l'Alsace, Nathalie Stey a animé pendant 20 ans une revue professionnelle consacrée au transport fluvial et basée à Strasbourg. Elle a depuis élargi son spectre et assure aujourd'hui la correspondance en région pour le journal Le Monde et Le Mensuel éco Grand Est, tout en restant fidèle au secteur de la voie d'eau qu'elle s'attache à faire découvrir.