Un Noël alsacien avec Monsieur Patrimoine

Les vedettes de Batorama ont accueilli, fin novembre, un hôte de marque : Stéphane Bern  a une effet choisi le cadre enchanteur d'une navigation sur l'Ill pour parler des traditions de Noël en Alsace.

Stéphane Bern sur un bateau batorama pour un tournage pour France 3

Les strasbourgeois et les touristes se promenant le long des quais et sur les passerelles et ponts de la Petite France ont eu la surprise, jeudi 25 novembre, de voir passer un drôle de batelier. Stéphane Bern, présentateur vedette de l'émission « Secrets d’Histoire » et porteur de la mission Patrimoine du gouvernement, a en effet choisi les vedettes de Batorama pour tourner certaines séquences de son reportage « Un Noël en Alsace », diffusé samedi 11 décembre sur France 3 à 15h15. Après un premier atelier « Do It Yourself » avec Caroline Boeglin, autour de la confection d'une couronne de l'Avent, et un détour dans les senteurs suaves de l'atelier de Mireille Oster, rue des Dentelles - fameuse créatrice de pains d'épices et autres bredele -, quel meilleur plateau qu'un bateau pour évoquer légendes, histoires et traditions de Noël !

Les légendes de Noël au fil de l'eau

C'est dans le cadre enchanteur et changeant des façades de la Grande Île de Strasbourg que le journaliste a reçu deux invités, les guides-conférenciers Geoffrey Diebold et François Muller, pour évoquer au fil de l'eau les légendes et traditions du Noël alsacien. À commencer par l'évènement le plus connu, qui attirait jusqu'à la crise sanitaire quelque 2 millions de personnes : le marché de l'Enfant Jésus (Christkindelsmärik) de Strasbourg. La première mention de son organisation remonte à 1570, lorsque le pasteur luthérien de la cathédrale s'oppose aux festivités organisées autour de la Saint Nicolas. La Ville décide de maintenir le marché se tenant à cette occasion, qui réunit marchands de pain d’épices et autres friandises, herboristes, fripiers, merciers … mais de le reporter aux trois jours avant Noël.

Christkindelmarik, ou Marché de Noël en Alsacien

Le Noël alsacien, ce sont aussi des traditions trouvant leur origine dans la nuit des temps, rappelle Geoffrey Diebold, jusqu'aux celtes qui célébraient le solstice d'hiver et le retour de la lumière. Les chrétiens se sont emparés de ces symboles pour mieux les intégrer, comme l'Enfant Jésus (Christkindel) venant apporter les cadeaux aux enfants, toujours interprété par une jeune fille portant voile et longue robe blanche, une couronne étincelante sur le front, qui n'est pas sans rappeler la fête des lumières scandinave. Autre symbole, celui du sapin de Noël, dont la première mention remonte à 1521 à Sélestat : les habitants étaient en effet autorisés à chercher un sapin dans la forêt communale, pour l’accrocher aux plafonds des églises et de leurs habitations. Les pommes rouges et les hosties qui le décore seront par la suite remplacés par des boules en verre.

Les odeurs et les sons de l'Avent

Dans son costume alsacien et son gilet rouge, François Muller évoque quant à lui les Rois Mages, dont le cortège des reliques, conduit de Milan à Cologne en 1164, est passé par l'Alsace. Cela explique-t-il leur grande popularité ? La tradition des chanteurs à l’étoile (Sternsinger), ces trois enfants qui, après Noël, passent de maison en maison, en chantant, pour récolter noix et gâteaux, de même que les célébrations de l'Épiphanie, permettent en tout cas de prolonger l'atmosphère magique de Noël jusque début janvier. Les puristes garderont d'ailleurs leur sapin jusqu'à la chandeleur !

Après cette navigation au milieu des petits secrets et des grandes histoires du Noël alsacien, Stéphane Bern est allé se réchauffer le cœur et la voix en évoquant avec Catherine Bolzinger, directrice artistique des Voix de Stras' et du Choeur philharmonique de Strasbourg, la tradition des chants de Noël chantés au sein des familles, sur les marchés et dans les églises. Une tradition interprétée avec candeur et générosité par les enfants de la Maîtrise de l'Opéra national du Rhin.

Stéphane Bern à l'opéra de Strasbourg

Un patrimoine à protéger

L'animateur a poursuivi sa visite de la capitale de Noël en se rendant le lendemain au lycée international des Pontonniers, dont les pignons crénelés se reflètent dans le canal des Faux-Remparts. Construit en 1902 à l'emplacement d'une ancienne caserne abritant ce corps militaire spécialisé dans le génie et la construction de ponts, le fameux bâtiment aux airs de Poudlard se veut un condensé de l'architecture strasbourgeoise du gothique tardif et de la Renaissance. 

Lycée des pontonniers

Les élèves, le Rectorat et jusqu'à la Région Grand Est, propriétaire des lieux, aimeraient le voir inscrit à un prochain « Loto du patrimoine ». Objectif : rénover l'escalier d'honneur du bâtiment principal et notamment la fresque qui l'illustre. Un projet que « Monsieur Patrimoine » compte bien médiatiser. Sa tournée s'est achevée par une visite du Palais Rohan et une rencontre avec la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, avant le lancement, le soir venu, des illuminations et du marché de Noël, sous le sapin de la place Kléber.

3 questions à Stéphane Bern

Quel est votre meilleur souvenir de Noël ?

Stéphane Bern - Mes meilleurs Noëls, je les ai passé chez mes grands-parents, à Luxembourg. La discipline se relâchait, j'avais le droit de faire des choses que je n'avais pas le droit de faire chez mes parents, comme de regarder la télévision par exemple, chose que j'adorais.  On ne me nourrissait que de choses qui m'étaient interdites le reste de l'année : des brioches, du chocolat chaud... J'ai adoré mes Noëls chez mes grands-parents !

Est-ce que vous retrouvez ici un peu ce même esprit ? 

Stéphane Bern - Tout à fait ! D'ailleurs, beaucoup de mes compatriotes luxembourgeois viennent faire leurs études ici. Ma mère, par exemple, a fait ses études de médecine à Strasbourg. Moi-même, je suis un peu un mélange. Je suis né à Lyon, mais au fond je me sens très germanique dans ma façon de penser et dans ma façon d'être. Qu'il s'agisse du Luxembourg, de l'Alsace ou de l'Allemagne, je m'y sens tout à fait chez moi. Même si le froid y est mordant, en particulier aujourd'hui !

Qu'est-ce qui, pour vous, fait la particularité de Noël tel qu'il est célébré à Strasbourg ?

Stéphane Bern - À Paris, le marché de Noël est … chinois. À Strasbourg et en Alsace, le marché de Noël et les célébrations de Noël m'ont toujours semblé beaucoup plus authentiques. Les gens ont une forte identité culturelle, ils sont très attachés à leurs traditions familiales, et ça me plaît ! Ces choses que l'on transmet de génération en génération, cela fait partie de notre patrimoine.

 

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Auteure : Nathalie Stey 

A propos de l'auteure

Journaliste indépendante amoureuse de l'Alsace, Nathalie Stey a animé pendant 20 ans une revue professionnelle consacrée au transport fluvial et basée à Strasbourg. Elle a depuis élargi son spectre et assure aujourd'hui la correspondance en région pour le journal Le Monde et Le Mensuel éco Grand Est, tout en restant fidèle au secteur de la voie d'eau qu'elle s'attache à faire découvrir.