Alsace : pourquoi les trains roulent t’ils à droite?

Et comme la cathédrale de Strasbourg à une flèche, c’est une exception française 

L’Alsace a ses petites particularités qui font de cette région du Grand-Est un territoire où l’on ne fait pas les choses comme ailleurs. Notre cathédrale n’a qu’une seule flèche, notre régime de santé n’est pas comme les autres…en fait, si l’on creuse un peu, on trouve des dizaines d’exceptions alsaciennes. Aujourd’hui, en parlant d’exception, à l’heure où tout le monde part en vacances, on avait envie de vous parler de trains. Eh oui, vous le remarquerez peut-être la prochaine fois que vous voyagerez : nos wagons sont les seuls qui circulent sur la voie de droite, mais ce n’est pas tout. Petites explications.

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En Alsace, et en Lorraine, les trains circulent comme les voitures, sur la voie de droite. Mais en plus de circuler du côté opposé par rapport au reste de la France, c’est toute la signalétique et tout l’affichage qui est à droite. En fait, tout est adapté pour une circulation sur cette voie-là, et vous imaginez bien, cela ne date pas d’hier. Cette particularité date en réalité de l’annexion de l’Alsace Lorraine par l’Allemagne en 1870. Chez eux, les trains roulaient alors à droite, alors il fallait que dans la nouvelle Alsace Allemande, il en soit de même. Depuis cette époque, les choses n’ont pas vraiment bougé, notamment à cause du coût trop élevé qu’auraient nécessités les travaux de réaménagement. Mais si l’on va au-delà de cette petite anecdote peu connue, on découvre en fait que notre réseau ferroviaire alsacien est bien spécifique, tant au niveau de son histoire que de sa situation géographique. 

©Renaud CHODKOWSKI
© Renaud Chodkowski

Le réseau ferré d’Alsace (et de Lorraine), une exception française 

 Vous l’avez compris, c’est à l’époque de l’Alsace-Lorraine allemande, aussi appelée le Reichland, que les particularités de notre réseau se sont dessinées, et celui-ci a eu son importance dans l’histoire de France. Après que l’Alsace-Lorraine ai été cédée à l’Allemagne, même si une partie du réseau existait déjà, les Allemands ont multiplié et développé les lignes pour faire du réseau une véritable arborescence qui pourrait desservir les principales villes d’Europe. Dès la fin 1871, des lignes vers l’Allemagne, vers la Suisse, vers Paris, mais aussi vers le reste de la France, et même vers le Luxembourg voient le jour. Il fait bien comprendre qu’à cette époque lointaine, l’industrie des chemins de fer nécessitaient une main d’œuvre et un travail colossal, un véritable « effort de guerre avant la guerre », qui précède les grands conflits du début du 20e siècle. 

En fait, entre 1871 et le début de la Première Guerre mondiale en 14, la longueur du réseau a tout simplement triplé, faisant de cette région un modèle du genre et un exemple à suivre dans le reste du monde. Mais l’histoire a montré que les réseaux ferroviaires Alsaciens, alors extrêmement développés à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, ont également servis au pire.

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Les trains en Alsace pendant la seconde guerre mondiale 

En 1938, l’Allemagne s’incruste et devient l’une des parties prenantes de la SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer). Puis, en 40, l’Allemagne s’impose encore un peu plus jusqu’à chasser définitivement la SNCF de son propre réseau le 15 août 1940. On imagine que les négociations ont dû tourner court. Ça y est, à cette date-là, le territoire est (encore officieusement) annexé au Reich, et certaines anciennes gares qui dataient de 1871 sont même remises en service. La funeste suite, on la connait, pendant le conflit de 39-45, des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, ont été déportés via ce réseau, notamment vers le Struthof ainsi que vers d’autres camps de concentration en France et en Europe. Aujourd’hui, on peut encore observer les traces de ce passé dans les villes alsaciennes dans des villes comme Natzwiller.      

© Bastien Pietronave
© Bastien Pietronave

Auteur : Bastien Petronave