La modernisation des écluses et des barrages, un enjeu majeur pour VNF 

Alors que VNF et l’Etat ont signé un contrat d’objectifs et de performance jusqu’en 2029, le fluvial est plus que jamais au cœur de la transition écologique. Des travaux d’ampleur ont actuellement lieu pour fiabiliser et moderniser les ouvrages.

Ecluses de Gambsheim © Alsace Destination Tourisme
Ecluses de Gambsheim © Alsace Destination Tourisme


Après avoir investi près de 220 millions d’euros en 2020 pour entretenir et moderniser ses infrastructures, Voies navigables de France y consacre cette année une enveloppe record de près de 300 millions d’euros grâce à la signature d’un Contrat d’objectif et de performance (COP) inédit avec l’Etat.

Pour rappel, VNF entretient, exploite et développe le plus grand réseau européen de voies navigables, soit 6 700 km de fleuves, canaux et rivières canalisées, 4 000 ouvrages d’art (écluses, barrages, pont-canaux, …) et pas moins de 40 000 hectares de domaine public fluvial. C’est dire l’étendu des infrastructures à l’heure où l’Etat ne cache pas son envie de renouer avec le fluvial dans le cadre de la transition écologique. 

L’augmentation de la dotation consacrée au fluvial dans le budget de l’Etat et le co-financement des projets fluviaux par les collectivités ou encore l’Union européenne le prouvent. Sans oublier l’attribution d’une enveloppe de 175 millions d’euros de crédits via le plan France Relance pour 2021 et 2022 qui permet d’accélérer fortement la réalisation de près de 100 projets de maintenance et de modernisation du réseau confié à VNF. 

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Des Yvelines aux Ardennes

L’enjeu majeur réside tout d’abord dans le développement de la logistique fluviale. De nombreuses réalisations majeures sont en cours, à commencer par la partie française de la liaison européenne Seine Escaut, qui connectera à grand gabarit le bassin de la Seine avec le réseau fluvial de l’Europe du Nord afin de favoriser le développement économique des territoires. 

Sont d’ores et déjà engagés des travaux de modernisation des écluses de Méricourt (Yvelines), de Coudray-Montceaux (Essonne), ainsi que du barrage de Poses-Amfreville (Eure). Des opérations de remise en navigation du canal de Condé-Pommeroeul (Hauts de France) et de recalibrage de la Lys et de La Deûle (Nord) se poursuivent également.

Sur le canal du Nivernais aux abords d’Escolives-Sainte-Camille - © Florian Dacheux
Sur le canal du Nivernais aux abords d’Escolives-Sainte-Camille - © Florian Dacheux

De très nombreux travaux de fiabilisation du réseau ont été réalisés sur l’ensemble du territoire, dont plusieurs opérations d’envergure tels que le lancement du chantier de reconstruction du barrage de Meaux (sur la Marne) et de l'écluse de Neuville Day sur le canal des Ardennes (Aisne). 

« Renforcer la compétitivité de la logistique fluviale au plan national »

Des digues classées aux écluses sur le petit et le grand gabarit, les équipes de VNF procède à de nombreuses opérations de maintenance en termes d’automatisation et de remise en état de portes, à l’instar du canal de la Sambre dans l’Oise. VNF a notamment investi 17 millions d’euros pour des opérations de dragage, de remise en état de 22 écluses et de reconstruction de deux ponts-canaux (Vadencourt et Macquigny). 

« Cela va nous permettre d’accélérer le renforcement de la compétitivité de la logistique fluviale au plan national, estime Thierry Guimbaud, le directeur général de VNF. Il est important de rappeler que ce mode de transport bas carbone concourt directement, étant donné ses très fortes capacités de chargement, à lutter contre le réchauffement climatique, qui est un objectif plus que prioritaire. Mais au-delà, nous investissons partout où nous sommes présents, pour faciliter le développement au niveau local de nouvelles activités autour de nos fleuves et canaux, mais aussi pour renforcer nos capacités en matière de gestion de l’eau. » 

Rénovation et allongements des écluses de Méricourt - © VNF
Rénovation et allongements des écluses de Méricourt - © VNF

Au cœur de ce vaste programme de régénération du réseau fluvial, d’importants chantiers vont s’accélérer ces prochains mois. Outre l’allongement de l’écluse de Quesnoy-sur-Deûle (Nord), sont prévues la rénovation des écluses de Gambsheim (Rhin), Vives Eaux et Nourriguier (Gard). 

Tandis que des travaux de reconstruction de barrages et ouvrages de prise d’eau assureront la continuité écologique sur le Canal des Vosges, différents projets de confortement de barrages réservoirs ou de navigation sont à l’agenda pour Grand-Rue (Loiret), Plessis (Saône-et-Loire), Panthier (Côte d’Or), Dames et Prégilbert (Yonne), Batardeau (Yonne), Bouzey (Vosges), Charme (Haute-Marne) et La Mouche (Haute-Marne). 

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Améliorer la qualité et la fiabilité du service rendu

Par ailleurs, les crédits alloués dans le cadre du plan de relance permettront de contribuer aux actions menées en faveur de la gestion hydraulique, de la sécurité des ouvrages hydrauliques et la préservation de la biodiversité. Une partie des crédits sera également affectée au déploiement de la fibre optique sur le réseau, qui permettra de faciliter la gestion des infrastructures tout en améliorant la qualité et la fiabilité du service rendu (surveillance du réseau, automatisation et télé-conduite des écluses et ponts mobiles). Au-delà de la performance écologique, ces améliorations réduiront la pénibilité du travail pour les agents. 

« En faisant le tour des opérateurs économiques, on regarde les critères qui peuvent les inciter à investir, pour développer une péniche hôtel ou un bateau-promenade à tel endroit, une base de location à tel autre, ajoute Thierry Guimbaud. On regarde dans le même temps quels pourraient être les freins comme une berge inadaptée, un chemin à créer pour se rendre vers un lieu de visite ou un site patrimonial. On commence à voir poindre sur certains tronçons pendant l’été des étiages trop bas, à avoir des problèmes de disponibilité de l’eau. A travers nos écluses et nos barrages, on gère une partie de ces réserves d’eau. Et plus les épisodes de sécheresse deviendront importants, plus notre capacité à lisser l’impact des intempéries sur le niveau d’eau deviendra cruciale. Il y a donc une vraie réflexion en cours pour améliorer la résilience du pays face au manque d’eau. » 

Tels sont les enjeux pour VNF, bien lancé pour rendre son réseau plus compétitif et contribuer ainsi d’ici 2030 au maillage du réseau fluvial européen.

Florian Dacheux

A propos de l'auteur

Trentenaire basé en banlieue parisienne, Florian navigue dans le monde des médias depuis 2005. Des bases du métier appris en presse quotidienne régionale à Avignon, il a connu une expérience de correspondant à Barcelone, le reportage en radio depuis Marseille, ou encore l’édition numérique dans diverses rédactions parisiennes. Freelance depuis 2015 en tant que reporter et rédacteur pour la presse magazine et digitale, il réalise différents types de sujets de société. Florian anime également des ateliers d’écriture et pratique la photographie.

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